A la manière d’un Maitre d’Œuvre, le secteur de l’immobilier est mandaté par l’Etat pour dessiner notre société de demain. Ce système fonctionne depuis plusieurs décennies, l’industrie immobilière s’étant calée sur les exigences de l’Etat. Aujourd’hui, avec des enjeux environnementaux omniprésent, L’Etat a décidé de casser violemment cette entente au bénéfice d’un avenir durable, mais aux détriments d’un secteur porteur économiquement.
La préservation de l’environnement : une idéologie partagée, mais une application discutée
Sur le principe, tout le monde est d’accord, mais dans la mise en place et l’organisation c’est la discorde. D’une part les instances publiques se fixent des échéances pour tenter de créer un paysage urbain marqué par et cette nouvelle ambition. D’autre part, les acteurs économiques du secteur sont ainsi contraints de concevoir des projets innovants avec des contraintes environnementales exigeantes sur des fonciers qui se font de plus en plus rares.
Avec cette loi climat, qui dans le fond est pleine de bonnes intentions, c’est le coup de grâce pour le secteur immobilier qui se retrouve complétement désemparé. En effet, une divergence d’objectifs est mise en lumière par cette loi qui essaye de réduire au maximum l’artificialisation des sols et les besoins, notamment en logement, qui ne cessent de croître. L’interrogation est la suivante : comment satisfaire tout le monde ? Résoudre cette équation est un exercice délicat.
Une bienveillance manquante à l’appel
Cela fait près de 200 ans qu’il existe des lanceurs d’alertes quant à la dégradation de l’environnement dû à une production trop forte et trop polluante. Une phrase qui fait écho à travers les époques sert de feuille de route à nos instances gouvernementales « ce seront les générations futures qui payeront nos erreurs ». Pour pallier ce scénario, un mot est choisi « transition », malheureusement l’Etat fait un mauvais usage du terme. En effet une transition est « un passage d’un état à un autre, en général lent et graduel. »
Avec 2030 et 2050 comme échéances, nous constatons que l’aspect lent et graduel a été squeezé pour laisser place à un changement quasi instantané du fonctionnement. C’est 14% du PIB français que nous fragilisons et 17% des logements français que nous interdisons à la location et à la vente. Ces changements soulèvent nombre de questions :
L’offre de friches est-elle suffisante pour reloger 17% des Français ? A combien s’élèvera le montant et le coût de construction des logements de la nouvelle classification gouvernementale ? Nos concitoyens auront-ils tous les moyens de se reloger dans les logements les mieux classés ? Comment l’écosystème immobilier va-t-il survivre à cette loi ?
Du côté des promoteurs, l’Etat valorise et préconise la rénovation des friches. Mais cette légitime perspective se heurte aux contraintes techniques et financières qu’en à la réalité de ces sites en friches. La ruée vers la bonne friche laisse présager un monde ultra concurrentiel rendant le profit minime pour les promoteurs et réduisant considérablement le nombre de porteurs de projets. Et si l’Etat accompagnait à travers non pas des subventions mais des exonérations ?
Les enjeux financiers dépassent parfois les moyens des porteurs de projets.
Quelles conclusions en tirer ?
Avec de tels bouleversements une crise de l’immobilier, amenant à une crise sociale, peut subvenir et nous pouvons l’éviter. C’est tout un secteur qui, aujourd’hui, tire la sonnette d’alarme pour éviter une énième crise au sein de l’hexagone.
Malgré un panel de promoteurs immobiliers essayant d’anticiper le choc, en se plaçant dès maintenant sur le marché de la friche industrielle, l’application des normes et le coût financier des matériaux n’est pas à la portée de tous.
C’est un nombre trop important d’entreprises qui vont devoir réadapter leurs offres et transformant un vaste secteur en un marché de niches.
Cette nouvelle loi va désorganiser tout un secteur et réduire considérablement l’offre immobilière, ne laissant que les grandes entreprises comme acteurs de demain tout en balayant une grande partie des petites et moyennes entreprises du secteur.