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« Il faut que la France s’arrête, que les commerces ferment, et que nous punissions ceux qui ne respecteront pas les mesures sanitaires »

par 7 mai 2020octobre 1st, 2021Aucun commentaire

Face à l’épidémie de coronavirus et les mesures de confinement décrétées par le gouvernement, notamment la fermeture temporaire des lieux « non essentiels » à la vie de la nation, l’immobilier d’entreprise se prépare à affronter une crise inédite. Premier à prendre la parole, le promoteur et investisseur Fabrice Dumartin, président du groupe Les Arches Métropole, témoigne auprès de Business Immo.

Fabrice Dumartin © DR

Business Immo : Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé la fermeture des lieux « non essentiels » à la vie de la nation. Comment réagissez-vous à cette annonce ?

Fabrice Dumartin Nous devons, prioritairement, nous concentrer sur la nécessité absolue pour sauver notre pays et notre monde du fléau que représente le Covid-19. Pour cela, il faut que la France s’arrête, que les commerces ferment, et que nous punissions ceux qui ne respecteront pas les mesures sanitaires. Est-ce que nous subirons des dégâts à titre personnels ? Bien sûr ! Parce que nos commerces vont souffrir et nos chantiers vont s’arrêter, notre entreprise subira assurément des dommages, mais aujourd’hui ceci importe peu face à la gravité de la situation

BI : En tant que chef d’entreprise, quelles mesures comptez-vous mettre en place ?

FD : Nous sommes en train de mettre en place la mise en chômage partiel de tous les collaborateurs du groupe Les Arches Métropoles, jusqu’à la fin de la crise. J’ai évidemment précisé à chacun que personne n’est en vacances et que nous favoriserons au maximum le télétravail. Notre activité basée sur le travail d’équipe et les échanges n’est pas de celles qui produisent une forte quantité de travail de la maison, mais tant pis. Nos collaborateurs seront tous payés chaque mois de la même façon, et ce qui va m’advenir en tant que chef d’entreprise se dessinera au fur et à mesure.

BI : Procos a appelé les acteurs de l’immobilier de commerce à la solidarité, alors que le CNCC a lancé ce matin un appel à ses membres en leur recommandant notamment la mensualisation des loyers et des charges pour le 2e trimestre ainsi que la suspension temporaire de la mise en recouvrement pour le mois d’avril. Comment accueillez-vous de telles propositions ?

FD : Il est possible que nos clients nous demandent de renégocier leurs loyers, et je ne sais pas encore comment nous nous y prendrons. Nous sommes d’abord des promoteurs avant d’être des investisseurs. À ce titre, nous devons gérer nos chantiers en cours, nos autorisations à venir et nos chantiers futurs, dont nous ignorons pour l’instant le sort à court terme. En tant qu’investisseur, nous répondrons à la tendance générale ; mais parce que nous n’avons pas un volume d’actifs suffisamment conséquent pour avoir une réflexion globale, je crois que nous adopterons une gestion à la carte en fonction des demandes de nos locataires.

BI : Quelles mesures attendez-vous du gouvernement ?

FD : Comme d’habitude, nous nous apercevons que les Français sont indisciplinés et inconscients. Si l’on ne les sanctionne pas et que l’on ne les oblige pas à agir de façon extrêmement respectueuse par rapport à ce fléau, peut-être ne le feront-ils pas. Il faut donc imposer des mesures drastiques et punir ceux qui ne seraient pas capables d’entendre le message imposé pour sauver l’humanité. Probablement que l’État fera en sorte de tenter de minimiser la gravité des événements, mais il est déjà assuré que les entreprises vont souffrir. En revanche, la vraie réponse doit être macroéconomique, en faisant en sorte impérativement d’arrêter ce fléau. Et l’une de ces façons est de s’assurer que les gens ne se côtoient plus pendant longtemps.

BI : Quelles perspectives envisagez-vous pour la reprise de l’activité suite à cette crise ?

FD : Ne soyons pas non plus complètement défaitistes. On parle d’une période d’environ cinq semaines de confinement, peut-être quelques-unes de plus. Est-ce que cette fermeture totale est plus grave que les dommages causés par les Gilets jaunes puis les grèves qui ont perturbé durant plus d’un an l’activité des commerçants et induit des chiffres d’affaires dramatiques ? Évidemment, cette crise est une catastrophe, mais celle-ci est planétaire et planifiée. Elle est factuelle, claire, et touche tout le monde.

Quand les mesures de confinement s’arrêteront, en mai ou en juin, donc à une période où il fera beau, il est permis d’espérer que les gens revivront avec un plaisir qu’ils n’ont pas eu depuis longtemps, qu’ils recommenceront à consommer avec ce même plaisir et que les magasins aujourd’hui fermés auront peut-être quelques mois très agréables. C’est ce que j’espère et c’est ce que je pense, parce que la privation chez l’humain fait l’envie.


Article paru sur Business Immo